Voilà une habitude qui berce un bon nombre de nos weekends depuis plus de dix mois et qui a considérablement agrandi notre terrain de jeu depuis que nous en profitons.
Cette désormais routine bien orchestrée commence souvent de nuit dans une ville qui se réveille en douceur. Trois coups de pédale dans la fraîcheur matinale pour nous rendre à la gare avec la promesse de découvrir la Suisse et d’éponger notre soif de nouveaux paysages.
Grâce à l’éventail de correspondances ferroviaires et la densité des routes cyclables proposées dans le pays, ce combo gagnant devient vite addictif. En une, voire deux ou même trois heures de train pour les plus déterminés, les Alpes, des lacs ou de nouvelles clairières se déroulent devant vous tel un tapis rouge.
C’est donc avec passion et ferveur qu’on a remis ça la semaine passée. Arriver à la gare, démonter la roue avant, mettre le vélo dans un sac de transport afin de voyager simplement, sans réservation et sans coût supplémentaire que nos billets dégriffés achetés durant la semaine après avoir consulté la météo ensoleillée prévue pour ce jour-là.
Notre bagage, pas des plus encombrants mais pas des plus inaperçus non plus, suscite toujours la curiosité de quelques voyageurs mais surtout nous simplifie la vie et rend ces déplacements très accessibles. La scène paraît toutefois plus habituelle en été qu’en hiver. En effet, arrivés à la gare de Lucerne, on dénote un peu dans un décor hivernal composé de nombreux skieurs prêts à dévaler les pistes. Ça nous fait plutôt bien rire mais on est tout autant parés qu’eux à affronter le froid et à parcourir des kilomètres.
L’itinéraire planifié quelques jours plus tôt nous emmène sur les bords du lac des Quatre-Cantons, puis celui de Lauerz, de Zoug et finalement celui de Zürich. Le tracé a été réfléchi pour profiter un maximum des paysages et de la météo de rêve. Mais ça c’était avant. Avant de constater en arrivant à Lucerne que le soleil était bel et bien resté en Suisse romande sans même avertir qui que ce soit.



Peu importe la grisaille, nous sommes sur nos vélos, le sourire aux lèvres parce que c’est justement ce qui importe, être sur nos vélos.
Ce qui devait donc être une sortie plutôt tranquille s’est vite transformée en une belle épreuve d’acceptation. Accompagnés de températures variant entre plus 3 et moins 3 degrés, on se réjouit en chemin des points positifs de cette journée. Comme s’habituer à rouler sur routes humides ou s’adapter à l’inconfort du froid en fin de parcours. D’accord ce n’est rien d’insurmontable mais quelques années en arrière, l’idée de faire du vélo par « mauvais » temps et en plus l’hiver, ne nous aurait pas fait envie et ne nous aurait encore moins traversé l’esprit. Cette sortie, comme beaucoup d’autres depuis s’être pris de passion pour cette pratique, agrandit petit à petit notre zone de confort et nous ouvre de nouveaux horizons.


Après avoir apprécié les différentes teintes de la brume et les paysages hivernaux, nous nous retrouvons enfin au-dessus du brouillard en fin de journée. Le soleil, que nous avions laissé au Jura, se couche et nous offre un ciel rosé à vous en faire oublier un instant les déconvenues de la journée.
Une heure et demie plus tard, après une descente nocturne et glaciale sur Zurich, nous revoilà dans une gare. Les vélos dans leur sac, un thé bouillant dans l’autre main et de quoi pique-niquer dans le dos, on repart direction la maison, 104 km de plus au compteur et des nouveaux souvenirs en tête.